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de Dieu, ils ont moins de déférence pour leur pasteurs, et se rapprochent des Anglais. Il est bien à craindre que le Seigneur ne permette qu’ils deviennent nos ennemis, pour nous punir d’avoir contribué, par un sordide intérêt, à les rendre vicieux, comme il est déjà arrivé à quelques autres nations »[1].

Cependant, malgré leurs désordres, ils ne passèrent jamais du côté des Anglais, comme le craignait le P. de Charlevoix. Au contraire, à l’exemple de leurs frères de Saint-François et de l’Acadie, ils furent toujours fidèles à leurs alliés, et toujours prêts à prendre les armes contre les ennemis de la colonie.

Dieu eut pitié de ces malheureux, qui l’avaient si bien servi autrefois, et ne permit pas qu’ils demeurassent longtemps dans ces désordres. Ils devinrent plus tard de fervents chrétiens, et réparèrent, par une vie exemplaire, le mal qu’ils avaient causé par leur ivrognerie.

Nous devons ajouter que les quelques familles qui nous restent aujourd’hui de ces sauvages sont remarquables par leur foi et leur ferveur. Nous avons nous-même été édifié plusieurs fois par la piété de ces bons sauvages. Cette piété nous a souvent rappelé celle des anciens Abénakis, qui donnèrent tant de consolations aux P. P. Druillettes, Bigot et Rasle.

  1. Le P. de Charlevoix. Journal Hist. d’un voyage de l’Amérique. Vol. V. 164.