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histoire

qui accompagnent ordinairement leur sainte mort ; je suis sûr que vous seriez sensiblement touchez d’un spectacle sy doux et sy consolent. C’est aussy là, messieurs, la consolation des missionnaires parmy les petites peines qui sont jointes à leur emploi ; et c’est par là que nostre Seigneur les y soutient. Oserois-je, messieurs, vous demander une grâce, c’est de le remercier pour moy de l’honneur qu’il m’a fait de m’appeler dans ces missions et de m’y conserver depuis près de vingt ans, quelqu’éloigné que je sois de la ferveur et de la vertu de tant de braves et de saints missionnaires qu’il y a occupez et qu’il occupe encore maintenant. Pouvez-vous aymer et estre unis sy étroitement avec les enfans sans vous intéresser un peu pour le père et pour leur missionnaire ? Comptez, s’il vous plait, messieurs, que je n’auray pas moins de reconnoyssance qu’eux de la grâce que vous me ferez, et que tous les jours de ma vie je me souviendray de vous dans le temps le plus précieux de la journée, à l’autel, y célébrant nos adorables mystères.

« Je suis de tout mon cœur et avec un très-profond respect,

Messieurs,
Votre très-humble et très-obéissant
serviteur.
V. Bigot.
De la compagnie de Jésus
De la mission des Abnakis proche Québec,
25 Septembre 1699.