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Auparavant que de la tourner en leur langue, je l’ay lue et relue bien des fois pour y puiser cet esprit de ferveur et de zèle dont elle est animée, afin de le faire couler autant qu’il me seroit possible dans la version que j’en voulois faire. Permettez-moy, Messieurs, de vous le dire, je reconnois dans cette aymable lettre, le caractère des fils ainés de la Sainte-Vierge ; non, personne ne peut vous disputer cette illustre qualité ; puisqu’enfin vous avez l’honneur d’estre les gardiens de ce saint temple, de ce temple si recommandable par son antiquité, basty en l’honneur de cette incomparable Vierge qui devoit enfanter, mais basty auparavant qu’elle naquit. J’ose ajouter qu’elle vous choisit elle-mesme pour estre les dépositaires du plus précieux trésor que nous ayons d’elle. Je ne suis point surpris, messieurs, que vous ne respiriez dans vostre lettre que l’amour du fils et de la mère ; que vous tâchiez de l’inspirer à nos chers sauvages, et d’unir ces deux amours dans leurs cœurs. Peut-on appartenir de si près à la mère sans avoir à cœur les intérêts du fils ? Je vous avoue, messieurs, que je ne saurais vous marquer autant que je le souhaiterais les sentimens sincères d’estime et de respect que j’ay pour vous. Je peux bien vous dire que mon cœur a beaucoup plus de part que ma plume à ce que je me donne l’honneur de vous écrire ; mais de quelle utilité vous peut estre toute l’estime qu’a pour vous un pauvre missionnaire à un bout du monde, lorsque cette vie si exemplaire et si religieuse que vous me-