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un vaisseau de quarante-huit canons et deux brigantins, avec 400 hommes. Villebon, incapable de résister à cette force, voulut du moins faire mine de se défendre. Il envoya à l’embouchure de la rivière un détachement de Français et d’Abénakis, afin de pouvoir être averti à temps de la descente de l’ennemi. Les Anglais, croyant ce détachement fort considérable, n’osèrent l’attaquer, et se retirèrent[1].

Ce coup manqué chagrina Phipps ; mais il eut bientôt l’occasion de s’en consoler. Les Anglais avaient depuis peu rétabli le fort Pemaquid, et incommodaient beaucoup les Abénakis de ce canton. Villebon représenta au Comte de Frontenac qu’il était nécessaire de les chasser pour toujours de ce poste, Le gouverneur, comprenant l’importance de ce projet, envoya aussitôt d’Iberville, pour se joindre au commandant de l’Acadie, et s’emparer de Pemaquid. Villebon devait marcher avec les Abénakis contre le fort, et d’Iberville, l’attaquer par mer.

Les Anglais, ayant été informé de ce projet, se préparèrent à la défense. D’Iberville trouva donc le fort en état de faire une vigoureuse résistance, et n’osa s’engager dans un combat dans un endroit qu’il ne connaissait pas, parcequ’il n’avait pas de pilote. On abandonna donc le projet de s’emparer du fort. Les Abénakis, accourus en grand nombre avec l’espoir d’être bientôt délivrés d’un voisinage qui les incom-

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. III. 176, 177.