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des abénakis.

Les colonies anglaises furent grandement humiliées et découragées par ce désastre, qui leur causa une si grande perte, et par le double échec qu’elles venaient d’essuyer. Les Abénakis de l’Acadie profitèrent de ce temps de découragement pour remplir la promesse qu’ils avaient faite à M. de Villebon, et venger le malheur des Français de leur pays. Cent-cinquante de leurs guerriers prirent aussitôt les armes, se jetèrent avec plus de fureur que jamais sur les établissements anglais, et passèrent la plus grande partie de l’hiver 1690-1691 à ravager les frontières de la Nouvelle-Angleterre. Ils ruinèrent plus de 150 milles de pays. « Les frontières, » dit Bancroft, « étaient remplies de terreur et d’affliction, de captivité et de mort »[1].

Dans le mois d’Août suivant, 1691, le major Schuyler, de New-York, parut tout-à-coup à la Prairie avec un détachement de troupes et un fort parti d’Iroquois. Le but de cette expédition inattendue était, ou d’engager les Iroquois à continuer leurs déprédations sur le Canada et les empêcher de faire la paix avec les Français, comme le pensent quelques uns, ou seulement, comme Bancroft le prétend[2], « d’obtenir quelque succès dans une escarmouche. » Schuyler attaqua résolument le fort de la Prairie, mais il fut vivement repoussé.

Comme le fort Chambly se trouvait exposé à être assailli par ces ennemis, le Comte de Frontenac envoya immédiatement M. de Varennes, avec un déta-

  1. Bancroft, Hist. of the U. S. Vol. II. 833 — Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. III. 185.
  2. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. II. 830.