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histoire

Rivières et confiée à François Hertel[1]. Sa petite troupe se composait de cinquante deux Abénakis et Canadiens, y compris trois de ses fils et deux de ses neveux[2]. Il partit des Trois-Rivières à la fin de Janvier, remonta la rivière Saint-François jusqu’au lac Memphrémagog, se rendit à la rivière Connecticut, puis, se dirigeant vers l’Est, arriva le 27 Mars à Salmon-Falls[3], sur la rivière Piscataqua[4]. C’était la place qu’il voulait attaquer. Le lendemain avant l’aurore, il tomba avec impétuosité sur ce village. Les habitants firent une vigoureuse résistance, mais les Abénakis se battirent avec tant de courage et de vigueur qu’ils les forcèrent de prendre la fuite. Quarante-trois Anglais furent tués et cinquante-quatre faits prisonniers. Vingt-sept maisons furent réduites en cendres,

  1. François Hertel, des Trois-Rivières, était fils du Sieur Jacques Hertel, qui fut interprète des sauvages. Il était brave, courageux et homme de tête. Il commanda les Abénakis dans plusieurs expéditions contre la Nouvelle-Angleterre. Dans sa jeunesse, dans le cours de l’été 1661, il fut fait prisonnier aux Trois Rivières par les Iroquois. Du lieu de sa captivité, il écrivit deux lettres au P. le Moine et une à sa nièce ; cette dernière lettre était signée « Fanchon, » car c’est ainsi que ses parents l’appelaient (Relations des Jésuites. 1661. 34, 35). Il eut cinq fils et plusieurs filles. L’une de ses filles, Marguerite, fut mariée au sieur Jean Crevier, seigneur de Saint-François. Ce fut elle qui donna, en 1700, aux Abénakis de Saint-François les terres qu’ils possèdent encore aujourd’hui. L’un des fils de François Hertel, Joseph, s’établit, vers 1700, sur l’une des branches de la rivière Saint-François, connue aujourd’hui sous le nom de « Chenal Hertel ; » sa famille y résida environ soixante ans. Il était estimé et respecté par les Abénakis. Comme il avait hérité de l’humeur guerrière de son père, il commanda ces sauvages pendant plusieurs années dans leurs expéditions contre la Nouvelle-Angleterre.
  2. L’un de ces deux neveux de François Hertel était fils de Jean Crevier, seigneur de Saint-François, l’autre se nommait Gatineau.
  3. Cette place se nommait autrefois « Sementels, » du mot abénakis «  Senimenal, » grains de pierre. Les sauvages appelaient ainsi cet endroit de la rivière Piscataqua, parcequ’il y avait une grande quantité de gravois qu’ils nommaient « grains de pierre. »
  4. De « Peskata, » c’est ténèbreux.