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courage et la vigueur des Abénakis. Par leur héroïque intrépidité en faisant face aux Iroquois dans ce moment de si grande surprise, ils épargnèrent aux Français une perte considérable, et assurèrent le succès de l’expédition.

Denonville, craignant de tomber dans de nouvelles embuscades, établit son campement de nuit sur le champ de bataille.

Les sauvages passèrent la plus grande partie de cette nuit dans les réjouissances. Ils se saisirent des corps des Iroquois, tombés dans le combat, les mirent en pièces, et en firent un horrible festin[1] ; puis, ils dansèrent et chantèrent jusqu’à une heure fort avancée de la nuit[2]. Mais les Abénakis ne prirent aucune part à cet horrible festin, car, comme l’observent la plupart des auteurs français, entr’autres le P. de Charlevoix, ils n’ont jamais été anthropophages, ainsi que les Micmacs[3].

Le lendemain, Denonville se rendit au village incendié des Tsonnonthouans. Il n’y trouva pas un seul de ces sauvages, car ils avaient pris la fuite. Ce village était avantageusement placé sur une montagne, dont le sommet était couronné de nombreuses tours, remplies de maïs, que les sauvages n’avaient pas eu le temps de détruire. Les Français demeurèrent dix jours en cet endroit, et les Abénakis purent jouir pendant ce

  1. Garneau. Hist. du Canada Vol. I. 264.
  2. Le Marquis de Denonville, écrivant à M. de Seignelay, dit que les sauvages Outaouais, qui avaient rejoint son armée au lac Ontario, firent en cette occasion beaucoup mieux la guerre aux morts qu’ils ne l’avaient faite aux vivants.
  3. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France Vol. I. 193.