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des abénakis.

Convaincu qu’il avait été trompé, l’Anglais pria le missionnaire d’oublier le passé, et lui assura qu’il ne croyait rien de ce qui lui avait été rapporté.

Les sauvages dirent dans cette harangue « qu’ils avaient adopté le missionnaire comme leur compatriote » ; en effet, les Nurhantsuaks, qui formaient une tribu considérable située dans le haut de la rivière Kénébec, voulant lui donner une preuve d’affection et de confiance, l’incorporèrent à leur nation dans un grand Conseil. Le grand Chef, nommé Umamanradok[1] dit dans sa harangue « que le Père était non seulement leur maître en la foi, mais qu’il était de plus la meilleure tête du pays, pour traiter d’affaires, qu’il le regardait comme un vieillard rempli de sagesse, et que, quoiqu’il regardât pourtant le soleil depuis longtemps, il ne se considérait que comme un enfant auprès de lui »[2].

4o. Le missionnaire admira le courage de ces sauvages à mettre en pratique ce qu’il leur avait enseigné, et à éviter ce qu’il leur avait défendu. Nous donnerons une idée de ce courage admirable par les discours de ces bons néophytes.

« Tu nous as commandé, » disaient-ils au missionnaire, « de combattre les démons qui nous attaquent. Nous l’avons fait, et nous le ferons encore. Ces démons sont en grand nombre ; mais leurs forces diminuent de jour en jour, et notre courage augmente.

« Le démon qui excitait et fomentait les querel-

  1. De « Umamoratak, » il y a là des loups.
  2. Relation des Jésuites. 1632.30.