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des abénakis.

tenait souvent par ses prières la guérison des malades, ou d’autres faveurs qui les étonnaient toujours.

Plusieurs dirent au missionnaire que leurs enfants, morts après le baptême, leur avaient apparu, venant du ciel pour les encourager à pratiquer les vertus chrétiennes. « Cette vue », disaient-ils, « nous comblait d’une joie que nous ne pouvons exprimer, et quelques uns d’entre nous, étant malades, guérissaient tout-à-coup. » Les mères le conduisaient sur les tombeaux de ces petits anges, le priant de remercier Dieu avec elles de les avoir placés dans le ciel. L’une d’entr’elles lui dit : « Avant qu’on nous eût parlé du ciel, nous étions inconsolables à la mort de nos enfants ; nous pleurions longtemps la mort de nos moindres parents. Mais maintenant mon cœur est bien changé ; il ne ressent plus ces angoisses, même à la mort de mon mari ou de mes enfants. Mes yeux jettent bien quelques larmes au commencement ; mais dès que je viens à penser que leurs âmes sont au ciel avec Dieu, ou qu’elles y entreront bientôt, je sens une grande joie dans mon cœur, et toute ma pensée n’est que de prier Dieu qu’il les mette bientôt avec lui. Si le démon veut par fois me jeter dans la tristesse par la pensée de la perte de quelqu’un que j’aimais, j’ai aussitôt recours à celui qui a tout fait, et il me fait connaître que celui qui est avec lui n’est pas perdu »[1].

Peut-on concevoir une foi plus vive que celle de ces sauvages ? En lisant les naïves et sublimes paroles de ces bons néophytes, ne se croirait-on pas

  1. Relations des Jésuites. 1653. 28.