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croyant qu’il avait agi par malice, s’irritèrent contre lui et voulurent venger le malheur des Français par sa mort ; mais il fut sauvé par la protection des missionnaires[1].

Argall arriva tout-à-coup devant Saint-Sauveur. Les habitants, qui n’étaient pas préparés à la défense, furent épouvantés à la vue de ce vaisseau, qu’ils prirent pour un corsaire.

Le Frère Gilbert du Thet, voulant se mettre en défense, fut tué par un coup de mousquet. Il mourut comme il le désirait ; car, en partant de France pour l’Acadie, il avait demandé à Dieu, comme une grâce spéciale, de mourir en travaillant à la conquête des âmes et au salut des sauvages. Il fut inhumé au pied de la croix, plantée par les P. P. Jésuites quelques mois auparavant[2].

Les Anglais pillèrent et détruisirent complètement l’établissement français. Après cet acte de piraterie, Argall proposa aux Français de le suivre à Jamestown, leur promettant qu’ils y seraient bien traités, et que, plus tard, ils seraient rendus à leur pays. Les P. P. Biard et Quentin et douze hommes se décidèrent à aller en Virginie. Les autres Français, ainsi que le P. Masse et la Saussaye, purent repasser en France.

Les P. P. Biard et Quentin, ainsi que les autres prisonniers, furent traités à Jamestown comme des pirates. Ils furent condamnés à mort, et jetés en prison[3]. Argall eut beau représenter au Gouver-

  1. Relation du P. Biard. 1611, 46.
  2. Relation du P. Biard. 1611. 47.
  3. Relation du P. Biard. 1611. 52.