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rent dans leur manière d’agir à l’égard des sauvages, sans s’occuper du mécontentement de Poutrincourt.

La Marquise de Guercheville fut approuvée dans son projet de former en Acadie un nouvel établissement pour la conversion des sauvages. En 1613, aidée de Marie de Médicis, elle équipa un vaisseau, qui fut mis sous le commandement de la Saussaye. Alors, le P. Claude Quentin et le Frère Gilbert du Thet furent choisis pour être envoyés en Acadie.

La Saussaye partit de Honfleurle 21 Mars, et arriva à la Hève le 16 Mai[1]. Le P. Quentin y célébra la messe et y éleva une croix, sur laquelle il apposa les armoiries de la Marquise de Guercheville. De là, on se rendit à Port-Royal.

La Saussaye avait ordre de prendre avec lui les Jésuites, qui y résidaient, et de se rendre à la rivière Pentagoët, où l’on devait faire le nouvel établissement. Après avoir été retenu cinq jours à Port-Royal par les vents contraires, il fit voile vers cette rivière ; mais, une forte brume l’ayant empêché de s’y rendre, il alla jeter l’ancre à une île, que les Abénakis appelaient « Pemhajik »[2].

  1. Relation du P. Biard. 1611. 44.

    Le P. de Charlevoix dit que ce vaisseau arriva à la Hève le 6 Mai (Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 206.)

  2. « Pemhajik » est un mot abénakis, qui veut dire, « ceux où celles qui continuent ». De cet endroit, à la rivière Pentagoët (Penobecot) l’on rencontre une grande quantité d’îles, et ce n’est pour ainsi dire qu’une continuation d’îles, dont celle que les sauvages appelaient « Pemhajik » est la plus considérable. C’est pour cela que les sauvages l’avaient ainsi nommée, voulant dire : « c’est la tête de toutes les îles qui continuent ». De Pemhajik les Français firent le mot « Pemetik » (Relation du P. Biard. 1611. 44). Champlain appela cette île « Monts-Déserts, » parceque la terre en était tellement aride qu’on n’y voyait presque pas de végétation.