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malade chez lui, afin de pouvoir le soigner plus facilement. Ce Chef mourut dans d’excellentes dispositions, quelques jours après l’arrivée du P. Biard[1].

Au mois d’Octobre de la même année, le P. Biard partit pour la rivière Saint-Jean, avec de Biencourt, onze Français et deux Etchmins, qui devaient lui servir de guides et d’interprètes. Il s’arrêta sur une petite île, située à l’embouchure de la rivière Saint-Jean, et y dit la messe. Il visita un peu les Abénakis de cet endroit, puis il se dirigea vers la rivière Kénébec[2], où il arriva à la fin d’Octobre. Il remonta cette rivière environ neuf milles, puis il retourna sur ses pas, et alla camper sur un ilôt, situé à l’embouchure de la rivière, où il dit la messe.

À l’arrivée des Français, les sauvages de Kénébec se réunirent en grand nombre, pour aller à leur rencontre. Les Français, pensant d’abord que les sauvages avaient quelque dessein hostile, furent sur le point de faire feu sur eux ; mais les Chefs, s’appercevant de ce malentendu, leur firent aussitôt comprendre qu’ils ne venaient que pour leur faire une bienveillante réception et les traiter comme des amis, qu’ils avaient entendu parler de leur bonté à l’égard des sauvages, et que pour cela ils les aimaient déjà[3].

Les sauvages racontèrent au missionnaire qu’en 1608 et 1609, ils avaient chassé les Anglais, qui avaient

  1. Relation du P. Biard. 1611. 33.
  2. Les Français appelaient celle rivière « Kinibequi » ou « Canibequi » (le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France, vol. I. 203) mots qui viennent évidemment de « Kanibesek, » chemin qui conduit au lac, nom que les Abénakis donnaient à cette rivière.
  3. Relation du P. Biard. 1611. 36.