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Les Français de l’Acadie ne repassèrent pas tous en France ; un grand nombre y restèrent et se dispersèrent parmi les sauvages. La plupart se marièrent à des sauvagesses, et passèrent le reste de leurs jours avec les sauvages, adoptant leur manière de vivre. C’est de cette époque que datent les premiers mariages des Français avec les sauvages de l’Acadie[1].

Poutrincourt s’occupa activement en France à former une nouvelle société pour continuer l’établissement de sa colonie. Mais ce ne fut qu’en 1610 qu’il put conclure un arrangement à cet effet, avec deux marchands de Dieppe, Dujardin et Duquêne. Alors, il revint en Acadie, accompagné de nouveaux colons. Les sauvages le reçurent avec un véritable enthousiasme de joie. Poutrincourt fut fort surpris de trouver son fort de Port-Royal et les maisons dans le même état qu’il les avait laissés. Rien n’y avait été dérangé ; les meubles même des maisons étaient encore à leurs places[2]. Ceci nous fait bien connaître le respect et l’amour que ces sauvages avaient alors pour les Français.

Poutrincourt avait refusé d’emmener des Jésuites en Acadie, parcequ’il les craignait. Quoique sincèrement attaché à la religion catholique[3], il avait des préjugés contre ces religieux, préjugés qu’il avait

  1. É. Rameau. Acadiens et Canadiens, 1ère partie. 123. 124.
  2. Garneau. Hist. du Canada, Vol. I. 46,
  3. Le P. de Charlevoix, Hist. Gén. de la N. France. Vol, 1, 189. Poutrincourt écrivit en 1608 au Pape Paul V une lettre fort édifiante ; Lescarbot rapporte cette lettre. On voit par ce document que le zèle de Poutrincourt pour la religion catholique était sincère.