des idées qu’elles expriment. Et il ne paraît guère possible de traiter dans de telles langues d’autres sujets que l’étendue, les nombres, ou les sons.
XLII — Chaque nation a donc sa propre langue, et vraisemblablement la conservera longtemps, remplie de difficultés pour les autres nations. Mais on peut dire qu’une grande partie de ces difficultés n’était point essentielle aux langues, et ne s’y trouve que parce qu’on a formé les langues peu à peu, et pour ainsi dire au hasard, ou parce qu’on a trop consulté la douceur, la facilité de la prononciation, et l’harmonie, qu’on a voulu rendre agréable ce qu’on n’aurait dû se proposer que de rendre utile.
XLIII — On ne peut nier que la diversité des conjugaisons des verbes, des déclinaisons des noms, et de la terminaison des adverbes, ne produisent des agréments réels dans les langues ; mais ces agréments peuvent-ils compenser les difficultés qu’elle y apporte ? Et les langues dans lesquelles on a moins prodigué cette diversité que dans les autres,