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Lettre sur le progrès

alimens ou des remedes ; mais ſur leſquelles on demeure dans l’incertitude. On ne fait point encore ſi l’opium pris dans la plus forte doſe, fait mourir ou dormir. On ignore ſi cette plante qu’on voit croître dans nos champs ſous le nom de ciguë eſt ce poiſon doux & favori des anciens, ſi propre à terminer les jours de ceux qu’il falloit retrancher de la ſociété ſans qu’ils méritaſſent d’être punis. Rien ne cauſe plus de terreur que la morſure d’un chien enragé : cependant les remedes qu’on y emploie, & dont on croit avoir éprouvé le ſuccès, peuvent très-raiſonnablement faire douter de la réalité de ce poiſon, dont la frayeur peut-être a cauſé les effets les plus funeſtes. La vie des criminels ne ſeroit-elle pas bien employée à des expériences qui ſerviſſent, dans tous ces cas, à raſſurer ou préſerver ou guérir ?

Nous nous moquons, avec raiſon, de quelques nations qu’un reſpect mal entendu pour l’humanité a privées des connoiſſances qu’elles pouvoient tirer de la diſſection des cadavres : nous