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Lettre sur le progrès

Je ſais quelles oppoſitions trouvent toutes les nouveautés : on aime mieux croire l’Art parfait, que de travailler à le perfectionner. Peut-être les gens de l’Art eux-mêmes traiteront-ils d’impoſſibles toutes les opérations qu’ils n’ont pas faites ou qu’ils n’ont pas vu décrites dans leurs livres. Mais qu’ils entreprennent ; & ils pourront ſe trouver bien plus heureux ou même plus habiles qu’ils ne croient : la Nature par des moyens qu’ils ignorent travaillera toujours de concert avec eux.

Je ſerai moins étonné de leur timidité que je ne le ſuis de l’audace de celui qui le premier ouvrit la veſſie pour y aller chercher la pierre ; de celui qui fit le premier un trou au crâne ; de celui qui oſa percer l’œil.

Je verrois volontiers la vie des criminels ſervir à ces opérations, quelque peu qu’il y eût d’eſpérance d’y réuſſir : mais je croirois même qu’on pourroit ſans ſcrupule l’expoſer pour des connoiſſances d’une utilité plus éloignée. Peut-être feroit-on bien des découver-