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AVANT-PROPOS.


Les dêmonſtrations géométriques, tout évidentes qu’elles ſont, ne ſont point les plus propres à convaincre tous les eſprits. La plupart ſeront mieux perſuadés par un grand nombre de probabilités que par une preuve dont la force dépend de l’extrême préciſïon. Auſſi la Providence n’a-t-elle fournis à ce dernier genre de preuves que des vérités qui nous étoient en quelque ſorte indifférentes, pendant quelle nous a x donné les probabilités, pour nous faire connoître celles qui nous étoient utiles. Et il ne faut pas croire que la sûreté qu’on acquiert par ce dernier moyen ſoit inférieure à celle qu’on acquiert par l’autre : un nombre infini de probabilités eſt une démonſtration complette, & pour l’eſprit humain la plus forte de toutes les démonſtrations.

La Nature fournit abondamment ce genre de preuves ; & les fournit par gradation, ſelon la différence des eſprits. Toutes n’ont pas la même force, mais toutes priſes enſemble ſont plus que ſuffiſantes pour nous convaincre. Veut-on faire un choix ? on ſent mieux