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AVANT-PROPOS.


que la Métaphyſique fournit. Quant à celles que la Nature nous offre, je les trouve en ſi grand nombre, & de degrés d’évidence ſi différens, que je dis qu’il ſeroit peut-être plus à propos de les faire paſſer par un examen judicieux, que de les multiplier par un zèle mal-entendu : qu’il faut plutôt leur aſſigner leur véritable degré de force, que leur donner une force imaginaire : qu’il faut enfin ne pas gliſſer parmi ces preuves des raiſonnemens qui prouveroient le contraire. Voilà ce que j’ai dit, & que je dis encore.

Le ſyſtême entier de la Nature ſuffit pour nous convaincre qu’un Etre infiniment puiſſant & infiniment ſage en eſt l’auteur & y préſide. Mais ſi, comme ont fait pluſieurs Philoſophes, on s’attache ſeulement à quelques parties, on ſera forcé d’avouer que les argumens qu’ils en tirent nom pas toute la force qu’ils penſent. Il y a aſſez de bon & aſſez de beau dans l’Univers pour qu’on ne puiſſe y méconnoître la main de Dieu : mais chaque choſe priſe à part n’eſt pas toujours aſſez bonne