Page:Maupertuis de - Oeuvres - T1 - 1768, Lyon.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xvij
AVANT-PROPOS.

Mais nous ſommes bien éloignés d’être ici dans ce cas : l’exiſtence de Dieu eſt de toutes les vérités la plus sûre. Ce qu’il faut examiner, c’eſt ſi pour démontrer une telle vérité, il eſt permis de ſe ſervir de faux argumens, ou de donner à des argumens foibles une force qu’ils n’ont pas. Or cette queſtion ſera auſſi d’abord réſolue par le principe que nous venons de poſer : Le faux ne pouvant jamais être utile, on ne doit jamais l’employer ; & donner à des preuves plus de force qu’elles n’en ont, étant une eſpece de faux, on ne doit pas plus ſe le permettre. Non ſeulement des principes contraires dégraderoient la lumière naturelle, ils feroient tort aux vérités mêmes qu’on voudroit prouver : on rend ſuſpecte la vérité la plus sûre lorſqu’on n’en préſente pas les preuves avec aſſeç de juſteſſe ou avec aſſez de bonne foi. C’eſt cela que j’ai ſoutenu, c’eſt uniquement cela.

J’avois d’abord averti que l’examen que je faiſois des preuves de l’exiſtence de Dieu ne portoit ſur aucune de celles


Œuy, de Maup. Tom. I. ě