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ment matériel, en exclure tout principe intelligent ; ou du moins voudroient que dans l’explication des phénomènes, on n’eût jamais recours à ce principe, qu’on bannit entièrement les cauſes finales. Les autres au contraire font un uſage continuel de ces cauſes, découvrent par toute la Nature les vues du Créateur, pénètrent ſes deſſeins dans le moindre des phénomènes. Selon les premiers, l’Univers pourroit ſe paſſer de Dieu : du moins les plus grandes merveilles qu’on y obſerve n’en prouvent point la néceſſité. Selon les derniers, les plus petites parties de l’Univers en font autant de démonſtrations : ſa puiſſance, ſa ſageſſe & ſa bonté ſont peintes ſur les ailes des papillons & ſur les toiles des araignées.

Comme il n’y a aujourd’hui preſqu’aucun Philoſophe qui ne donne dans l’une ou dans l’autre de ces deux manières de raiſonner, je ne pouvois guère manquer de déplaire aux uns & aux autres. Mais des deux côtés le péril n’étoit pas égal. Ceux qui veulent