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soit en recherchant ce qu’il y avoit de plus convenable à leur faire exécuter.

Le premier de ces moyens est le plus à notre portée, mais il ne nous mène pas fort loin. Le second quelquefois nous égare, parce que nous ne connoissons point assez quel est le but de la Nature, & que nous pouvons nous méprendre sur la quantité que nous devons regarder comme sa dépense dans la production de ses effets.

Pour joindre l’étendue à la sûreté dans nos recherches, il faut employer l’un & l’autre de ces moyens. Calculons les mouvemens des corps, mais consultons aussi les desseins de l’Intelligence qui les fait mouvoir.

Il semble que les anciens Philosophes aient fait les premiers essais de cette espèce de Mathématique; ils ont cherché des rapports métaphysiques dans les proprietés des nombres & des corps; & quand ils ont dit que l’occupation de Dieu étoit la Géométrie, ils ne l’ont entendu sans doute que de cette Science qui compare les ouvrages de sa puissance avec les vûes de sa sagesse.

Trop peu Géomètres pour l’entreprise qu’ils formoient, ce qu’ils nous ont laissé est peu fondé, ou n’est pas intelligible. La perfection qu’a acquise l’Art depuis eux, nous met mieux à portée de réussir, & fait peut-être plus que la compensation de l’avantage que ces grands génies avoient sur nous.