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CHAPITRE DERNIER

Conclusion de cet ouvrage : doutes et questions.


Je n’espere pas que l’ébauche de systême que nous avons proposé pour expliquer la formation des animaux, plaise à tout le monde : je n’en suis pas fort satisfait moi-même ; et n’y donne que le degré d’assentiment qu’elle mérite. Je n’ai fait que proposer des doutes et des conjectures. Pour découvrir quelque chose sur une matiere aussi obscure, voici quelques questions qu’il faudroit auparavant résoudre, et que vraisemblablement on ne résoudra jamais.

I

Cet instinct des animaux, qui leur fait rechercher ce qui leur convient, et fuir ce qui leur nuit, n’appartient-il point aux plus petites parties dont l’animal est formé ? Cet instinct, quoique dispersé dans les parties des semences, et moins fort dans chacune qu’il ne l’est dans tout l’animal, ne suffit-il pas cependant pour faire les unions nécessaires entre ces parties ? puisque nous voyons que, dans les animaux tout formés, il fait mouvoir leurs membres. Car quand on diroit que c’est par une méchanique intelligible que ces mouvemens s’exécutent, quand on les auroit tous expliqués par les tensions et les relâchemens que l’affluence ou l’absence des esprits ou du sang causent aux muscles, il faudroit toujours en revenir au mouvement même des esprits et du sang qui obéit à la volonté. Et si la volonté n’est pas la vraie cause de ces mouvemens, mais simplement une cause occasionelle, ne pourroit-on pas penser que l’instinct seroit une cause semblable des mouvemens et des unions des petites parties de la matiere ? ou qu’en vertu de quelqu’harmonie préétablie, ces mouvemens seroient toujours d’accord avec les volontés ?

II

Cet instinct, comme l’esprit d’une République, est-il répandu dans toutes les parties qui doivent former le corps ? ou, comme dans un État monarchique, n’appartient-il qu’à quelque partie indivisable ?