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ficielles des animaux ne passeroient pas, après plusieurs générations, aux animaux qui naîtroient de ceux-là ; si des queues ou des oreilles coupées de génération en génération ne diminueroient pas, ou même ne s’anéantiroient pas à la fin.

Ce qu’il y a de sûr, c’est que toutes les variétés qui pourroient caractériser des especes nouvelles d’animaux et de plantes, tendent à s’éteindre : ce sont des écarts de la Nature, dans lesquels elle ne persévere que par l’art ou par le régime. Ses ouvrages tendent toujours à reprendre le dessus.


CHAPITRE VI

Qu’il est beaucoup plus rare qu’il naisse des enfans noirs de parens blancs, que de voir naître des enfans blancs
de parens noirs. Que les premiers parens du genre
humain étoient blancs. Difficulté sur l’origine des Noirs levée. De ces naissances subites d’enfans blancs au milieu de peuples noirs on pourroit peut-être conclure que le blanc est la couleur primitive des hommes, et que le noir n’est qu’une variété devenue héréditaire depuis plusieurs siecles, mais qui n’a point entierement effacé la couleur blanche, qui tend toujours à reparoître : car on ne voit point arriver le phénomene opposé ; l’on ne voit point naître d’ancêtres blancs des enfans noirs.


Je sais qu’on a prétendu que ce prodige étoit arrivé en France : mais il est si destitué de preuves suffisantes, qu’on ne peut raisonnablement le croire. Le goût de tous les hommes pour le merveilleux doit toujours rendre suspects les prodiges, lorsqu’ils ne sont pas invinciblement constatés. Un enfant naît avec quelque difformité, les femmes qui le reçoivent en font aussi-tôt un monstre affreux : sa peau est plus brune qu’à l’ordinaire, c’est un Negre. Mais tous ceux qui ont vu naître les enfans negres savent qu’ils ne naissent point noirs, et que dans les premiers temps de leur