Page:Maupertuis - Œuvres, Dresde, 1752.djvu/295

Cette page n’a pas encore été corrigée

blanc, ou peut-être même un noir de parens blancs ; quoique ce dernier phénomene soit beaucoup plus rare que l’autre.

Je ne parle ici que de ces naissances singulieres ou l’enfant né d’un pere et d’une mere de même espece auroit des traits qu’il ne tiendroit point d’eux : car dès qu’il y a mélange d’espece, l’expérience nous apprend que l’enfant tient de l’une et de l’autre.

Ces unions extraordinaires de parties qui ne sont pas les parties analogues à celles des parens, sont véritablement des monstres pour le téméraire qui veut expliquer les merveilles de la Nature. Ce ne sont que des beautés pour le sage qui se contente d’en admirer le spectacle.

Ces productions ne sont d’abord qu’accidentelles : les parties originaires des ancêtres se retrouvent encore les plus abondantes dans les semences : après quelques générations, ou dès la génération suivante, l’espece originaire reprendra le dessus ; et l’enfant, au lieu de ressembler à ses pere et mere, ressemblera à des ancêtres plus éloignés.[1] Pour faire des especes des races qui se perpétuent, il faut vraisemblablement que ces générations soient répétées plusieurs fois ; il faut que les parties propres à faire les traits originaires, moins nombreuses à chaque génération, se dissipent, ou restent en si petit nombre qu’il faudroit un nouveau hasard pour reproduire l’espece originaire.

Au reste quoique je suppose ici que le fonds de toutes ces variétés se trouve dans les liqueurs séminales mêmes, je n’exclus pas l’influence que le climat et les alimens peuvent y avoir. Il semble que la chaleur de la zone torride soit plus propre à fomenter les parties qui rendent la peau noire, que celles qui la rendent blanche : et je ne sais jusqu’où peut aller cette influence du climat ou des alimens, après de longues suites de siecles.

Ce seroit assurément quelque chose qui mériteroit bien l’attention des Philosophes, que d’éprouver si certaines sïngularités arti-

  1. C’est ce qui arrive tous les jours dans les familles. Un enfant qui ne ressemble ni à son pere ni à sa mere, ressemblera à son aïeul.