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profonde, lorsque la veine de marbre blanc est épuisée, l’on ne trouve plus que des pierres de différentes couleurs qui se succedent les unes aux autres. C’est ainsi que des races nouvelles d’hommes peuvent paroître sur la Terre, et que les anciennes peuvent s’éteindre.

Si l’on admettoit le systême des vers, si tous les hommes avoient d’abord été contenus dans ces animaux qui nageoient dans la semence du premier homme, il faudroit dire des vers ce que nous venons de dire des œufs : le ver pere des Negres contenoit de ver en ver tous les habitans de l’Ethiopie ; le ver darien, le ver hottentot, et le ver patagon, avec tous leurs descendans, étoient déjà tous formés, et devoient peupler un jour les parties de la Terre où l’on trouve ces peuples.


CHAPITRE III

Productions de nouvelles especes.


Ces systêmes des œufs et des vers ne sont peut-être que trop commodes pour expliquer l’origine des Noirs et des Blancs : ils expliqueroient même comment des especes différentes pourroient être sorties de mêmes individus. Mais on a vu dans la dissertation précédente quelles difficultés on peut faire contre.

Ce n’est point au blanc et au noir que se réduisent les variétés du genre humain ; on en trouve mille autres : et celles qui frappent le plus notre vue ne coutent peut-être pas plus à la Nature que celles que nous n’appercevons qu’à peine. Si l’on pouvoit s’en assurer par des expériences décisives, peut-être trouveroit-on aussi rare de voir naître avec des yeux bleus un enfant dont tous les ancêtres auroient eu les yeux noirs, qu’il l’est de voir naître un enfant blanc de parens negres.

Les enfans d’ordinaire ressemblent à leurs parens : et les variétés même avec lesquelles ils naissent sont souvent des effets de cette ressemblance. Ces variétés, si on les pouvoit suivre, auroient peut-être leur origine dans quelqu’ancêtre inconnu. Elles se per-