Page:Maupertuis - Œuvres, Dresde, 1752.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée

Après ceux-là, un grand peuple basané est distingué des autres peuples par des yeux longs, étroits, et placés obliquement.

Si l’on passe dans cette vaste partie du Monde qui paroît séparée de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, on trouve, comme on peut croire, bien de nouvelles variétés. Il n’y a point d’hommes blancs : cette terre peuplée de nations rougeâtres et basanées de mille nuances, se termine vers le pôle antarctique par un cap et des isles habitées, dit-on, par des Géants. Si l’on en croit les relations de plusieurs voyageurs, on trouve à cette extrémité de l’Amérique une race d’hommes dont la hauteur est presque double de la nôtre.

Avant que de sortir de notre continent, nous aurions pu parler d’une autre espece d’hommes bien différens de ceux-ci. Les habitans de l’extrémité septentrionale de l’Europe sont les plus petits de tous ceux qui nous sont connus : les Lappons du côté du nord, les Patagons du côté du midi, paroissent les termes extrêmes de la race des hommes.

Je ne finirois point si je parlois des habitans des isles qu’on rencontre dans la mer des Indes, et de celles qui sont dans ce vaste océan qui remplit l’intervalle entre l’Asie et l’Amérique. Chaque peuple, chaque nation y a sa forme.

Si l’on parcouroit toutes ces isles, on trouveroit peut-être dans quelques-unes des habitans bien plus embarrassans pour nous que les Noirs ; auxquels nous aurions bien de la peine à refuser ou à donner le nom d’hommes. Ces habitans des forêts de Borneo dont parlent quelques voyageurs, si semblables d’ailleurs aux hommes, en pensent-ils moins pour avoir des queues de singes ? Et ce qu’on n’a fait dépendre ni du blanc ni du noir dépendra-t-il du nombre des vertebres ?

Dans cet isthme qui sépare la mer du nord de la mer pacifique, on dit[1] qu’on trouve des hommes plus blancs que tous ceux que nous connoissons : leurs cheveux seroient pris pour la laine la plus blanche : leurs yeux, trop foibles pour la lumiere du jour, ne s’ou-

  1. Voyage de Wafer, description de l’isthme de l’Amérique.