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CHAPITRE XVIII

Conjectures sur l’usage des animaux spermatiques.


Mais ces petits animaux qu’on découvre au microscope dans la semence du mâle, que deviendront-ils ? À quel usage la Nature les aura-t-elle deitinés ? Nous n’imiterons point quelques Anatomistes qui en ont nié l’existence : il faudroit être trop malhabile à se servir du microscope, pour ne les pouvoir appercevoir. Mais nous pouvons très-bien ignorer leur emploi. Ne peuvent-ils pas être de quelqu’usage pour la production de l’animal, sans être l’animal même ? Peut-être ne servent-ils qu’à mettre les liqueurs prolifiques en mouvement ; à rapprocher par-là des parties trop éloignées ; et à faciliter l’union de celles qui doivent se joindre, en les faisant se présenter diversement les unes aux autres.

J’ai cherché plusieurs fois avec un excellent microscope s’il n’y avoit point d’animaux semblables dans la liqueur que la femme répand. Je n’y en ai point vu : mais je ne voudrois pas assurer pour cela qu’il n’y en eût pas. Outre la liqueur que je regarde comme prolifique dans les femmes, qui n’est peut-être qu’en fort petite quantité, et qui peut-être demeure dans la matrice, elles en répandent d’autres sur lesquelles on peut se tromper ; et mille circonstances rendront toujours cette expérience douteuse. Mais quand il y auroit des animaux dans la semence de la femme, ils n’y feroient que le même office qu’ils font dans celle de l’homme. S’il n’y en a pas, ceux de l’homme suffisent apparemment pour agiter et pour mêler les deux liqueurs. Que cet usage, auquel nous imaginons que les animaux spermatiques pourroient être destinés, ne vous étonne point : la Nature, outre ses agens principaux pour la production de ses ouvrages, emploie quelquefois des ministres subalternes. Dans les isles de l’Archipel on éleve avec grand soin une espece de moucherons qui travaillent à la fécondation des figues.[1]

  1. Voyez le voyage du Lev. de Tournefort.