Page:Maupertuis - Œuvres, Dresde, 1752.djvu/280

Cette page n’a pas encore été corrigée

cune des semences des parties destinées à former le cœur, la tête, les entrailles, les bras, les jambes ; et que ces parties ayent chacune un plus grand rapport d’union avec celle qui, pour la formation de l’animal, doit être sa voisine, qu’avec toute autre ; le fœtus se formera : et fût-il encore mille fois plus organisé qu’il n’est, il se formeroit.

On ne doit pas croire qu’il n’y ait dans les deux semences que précisément les parties qui doivent former un fœtus, ou le nombre de fœtus que la femelle doit porter : chacun des deux sexes y en fournit sans doute beaucoup plus qu’il n’est nécessaire. Mais les deux parties qui doivent se toucher étant une fois unies, une troisîeme, qui auroit pu faire la même union, ne trouve plus sa place, et demeure inutile. C’est ainsi, c’est par ces opérations répétées, que l’enfant est formé des parties du pere et de la mere, et porte souvent des marques visibles qu’il participe de l’un et de l’autre.

Si chaque partie est unie à celles qui doivent être ses voisines, et ne l’est qu’à celles-là, l’enfant naît dans sa perfection. Si quelques parties se trouvent trop éloignées, ou d’une forme trop peu convenable, ou trop foibles de rapport d’union pour s’unir à celles auxquelles elles doivent être unies, il naît un monstre par défaut. Mais s’il arrive que des parties superflues trouvent encore leur place, et s’unissent aux parties dont l’union étoit déjà suffisante, voilà un monstre par excès.

Une remarque sur cette derniere espece de monstres est si favorable à notre systême, qu’il semble qu’elle en soit une démonstration : c’est que les parties superflues se trouvent toujours aux mêmes endroits que les parties nécessaires. Si un monstre a deux têtes, elles sont l’une et l’autre placées sur un même cou, ou sur l’union de deux vertebres ; s’il a deux corps, ils sont joints de la même maniere. Il y a plusieurs exemples d’hommes qui naissent avec des doigts surnuméraires : mais c’est toujours à la main ou au pied qu’ils se trouvent. Or si l’on veut que ces monstres soient le produit de l’union de deux œufs, ou de deux fœtus, croira-t-on que cette union se fasse de telle maniere que les seules parties de l’un des deux qui se conservent se trouvent toujours situées aux mêmes lieux