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qu’il a mis entre l’accouplement de ces animaux et leur dissection n’ont-ils pas été beaucoup plus longs qu’il ne falloit pour que la plus grande partie de la semence entrée dans la matrice eût le temps d’en ressortir, ou de s’y imbiber ?

L’expérience de Verheyen, qui prouve que la semence du mâle entre quelquefois dans la matrice, est presqu’une preuve qu’elle y entre toujours, mais qu’elle y demeure rarement en assez grande quantité pour qu’on puisse l’y appercevoir.

Harvey n’auroit pu observer qu’une quantité sensible de semence : et de ce qu’il n’a pas trouvé dans la matrice de semence en telle quantité, il n’est pas fondé à assurer qu’il n’y en eût aucunes gouttes répandues sur une membrane déjà toute enduite d’humidité. Quand la plus grande partie de la semence ressortiroit aussi-tôt de la matrice, quand même il n’y en entreroit que très-peu, cette liqueur mêlée avec celle que la femelle répand est peut-être beaucoup plus qu’il n’en faut pour donner l’origine au fœtus.

Je demande donc pardon aux Physiciens modernes si je ne puis admettre les systêmes qu’ils ont si ingénieusement imaginés : car je ne suis pas de ceux qui croient qu’on avance la Physique en s’attachant à un systême malgré quelque phénomene qui lui est évidemment incompatible ; et qui, ayant remarqué quelqu’endroit d’où suit nécessairement la ruine de l’édifice, achevent cependant de le bâtir, et l’habitent avec autant d’assurance que s’il étoit le plus solide.

Malgré les prétendus œufs, malgré les petits animaux qu’on observe dans la liqueur séminale, je ne sais s’il faut abandonner le sentiment des Anciens sur la maniere dont se fait la génération ; sentiment auquel les expériences de Harvey sont assez conformes. Lorsque nous croyons que les Anciens ne sont demeurés dans telle ou telle opinion que parce qu’ils n’avoient pas été aussi loin que nous, nous devrions peut-être plutôt penser que c’est parce qu’ils avoient été plus loin, et que des expériences d’un temps plus reculé leur avoient fait sentir l’insufissance des systêmes dont nous nous contentons.

Il est vrai que lorsqu’on dit que le fœtus est formé du mélange des deux semences, on est bien éloigné d’avoir expliqué cette formation : mais l’obscurité, qui reste, ne doit pas être imputée à la maniere