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de toutes parts se sont découverts, les systêmes se sont multipliés : et il n’en est que plus difficile, dans cette grande variété d’objets, de reconnoître l’objet qu’on cherche.

Je connois trop les défauts de tous les systêmes que j’ai proposés, pour en adopter aucun : je trouve trop d’obscurité répandue sur cette matiere, pour oser former aucun systême. Je n’ai que quelques pensées vagues, que je propose plutôt comme des questions à examiner, que comme des opinions à recevoir : je ne serai ni surpris, ni ne croirai avoir lieu de me plaindre, si on les rejette. Et comme il est beaucoup plus difficile de découvrir la maniere dont un effet est produit, que de faire voir qu’il n’est produit, ni de telle, ni de telle maniere ; je commencerai par faire voir qu’on ne sauroit raisonnablement admettre, ni le systême des œufs, ni celui des animaux spermatiques.

Il me semble donc que ces deux systêmes sont également incompatibles avec la maniere dont Harvey a vu le fœtus se former.

Mais l’un et l’autre de ces deux systêmes me paroissent encore plus sûrement détruits par la ressemblance de l’enfant, tantôt au pere, tantôt à la mere ; et par les animaux mi-partis qui naissent des deux especes différentes.

On ne sauroit peut-être expliquer comment un enfant, de quelque maniere que le pere et la mere contribuent à sa génération, peut leur ressembler : mais de ce que l’enfant ressemble à l’un et à l’autre, je crois qu’on peut conclure que l’un et l’autre ont eu également part à sa formation.

Nous ne rappellerons plus ici le sentiment de Harvey, qui réduisoit la conception de l’enfant dans la matrice à la comparaison de la conception des idées dans le cerveau. Ce qu’a dit sur cela ce grand homme ne peut servir qu’à faire voir combien il trouvoit de difficulté dans cette matiere ; ou à faire écouter plus patiemment toutes les idées qu’on peut proposer, quelque étranges qu’elles soient.

Ce qui paroît l’avoir le plus embarrassé, et l’avoir jeté dans cette comparaison, c’a été de ne jamais trouver la semence du cerf dans la matrice de la biche. Il a conclu de-là que la semence n’y entroit point. Mais étoit-il en droit de le conclure ? Les intervalles du temps