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de Lemery alléguoit, c’étoit toujours quelque nouveau monstre à combattre que lui produisoit M. Winsslow.

Enfin on en vint aux raisons métaphysiques. L’un trouvoit du scandale à penser que Dieu eût créé des germes originairement monstrueux : l’autre croyoît que c’étoit limiter la puissance de Dieu, que de la restreindre à une régularité et une uniformité trop grande.

Ceux qui voudroient voir ce qui a été dit sur cette dispute le trouveroient dans les Mémoires de l’Académie.[1]

Un fameux Auteur Danois a eu une autre opinion sur les monstres : il en attribuoit la production aux Cometes. C’est une chose curieuse, mais bien honteuse pour l’esprit humain, que de voir ce grand Médecin traiter les Cometes comme des abcès du Ciel, et prescrire un régime pour se préserver de leur contagion.[2]


CHAPITRE XV

Des accidens causés par l’imagination des meres.


Un phénomene plus difficile encore, ce me semble, à expliquer que les monstres dont nous venons de parler, ce serait cette espece de monstres causés par l’imagination des meres, ces enfans auxquels les meres auroient imprimé la figure de l’objet de leur frayeur, de leur admiration, ou de leur desir. On craint d’ordinaire qu’un negre, qu’un singe, ou tout autre animal dont la vue peut surprendre ou effrayer, ne se présente aux yeux d’une femme enceinte. On craint qu’une femme en cet état délire de manger quelque fruit, ou qu’elle ait quelqu’appétit qu’elle ne puisse pas satisfaire. On raconte mille histoires d’enfans qui portent les marques de tels accidens.

Il me semble que ceux qui ont raisonné sur ces phénomenes en ont confondu deux sortes absolument différentes.

  1. Mém. de l’Acad. Royale des Sciences, années 1724, 1733, 1734, 1738 et 1740.
  2. Th. Bartholini de Cometa consilium medicum, cum monstrorum in Dania natorum historia.