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des combattans. La question étoit sur les monstres. Dans toutes les especes on voit souvent naître des animaux contrefaits ; des animaux à qui il manque quelques parties, ou qui ont quelques parties de trop. Les deux Anatomistes convenoient du systême des œufs : mais l’un vouloit que les monstres ne fussent jamais que l’effet de quelqu’accident arrivé aux œufs : l’autre prétendoit qu’il y avoit des œufs originairement monstrueux, qui contenoient des monstres aussi-bien formés que les autres œufs contenoient des animaux parfaits.

L’un expliquent assez clairement comment les désordres arrivés dans les œufs faisoient naître des monstres : il suffisoit que quelques parties, dans le temps de leur mollesse, eussent été détruites dans l’œuf par quelque accident, pour qu’il naquît un monstre par défaut, un enfant mutilé. L’union ou la confusion de deux œufs, ou de deux germes d’un même œuf, produisoit les monstres par excès, les enfans qui naissent avec des parties superflues. Le premier degré de monstres seroit deux gemeaux simplement adhérens l’un à l’autre, comme on en a vu quelquefois. Dans ceux-là aucune partie principale des œufs n’auroit été détruite : quelques parties superficielles des fœtus déchirées dans quelque endroit, et reprises l’une avec l’autre, auroient causé l’adhérence des deux corps. Les monstres à deux têtes sur un seul corps, ou à deux corps sous une seule tête, ne différeroient des premiers que parce que plus de parties dans l’un des œufs auroient été détruites : dans l’un, toutes celles qui formoient un des corps ; dans l’autre, celles qui formoient une des têtes. Enfin un enfant qui a un doigt de trop est un monstre composé de deux œufs, dans l’un desquels toutes les parties, excepté ce doigt, ont été détruites.

L’adversaire, plus Anatomiste que raisonneur, sans se laisser éblouir d’une espece de lumiere que ce systême répand, n’objectoit à cela que des monstres dont il avoit lui-même disséqué la plupart, et dans lesquels il avoit trouvé des monstruosités, qui lui paroissoient inexplicables par aucun désordre accidentel.

Les raisonnemens de l’un tenterent d’expliquer ces désordres : les monstres de l’autre se multiplierent ; à chaque raison que M.