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quer comment, par les seules loix du mouvement et de la fermentation, il se formoit un cœur, un cerveau, un nez, des yeux, etc.[1]

Le sentiment de Descartes sur la formation du fœtus par le mélange de ces deux semences a quelque chose de remarquable, et qui préviendrait en sa faveur, si les raisons morales pouvoient entrer ici pour quelque chose : car on ne croira pas qu’il l’ait embrassé par complaisance pour les Anciens, ni faute de pouvoir imaginer d’autres systêmes.

Mais si l’on croit que l’Auteur de la Nature n’abandonne pas aux seules loix du mouvement la formation des animaux ; si l’on croit qu’il faille qu’il y mette immédiatement la main, et qu’il ait créé d’abord tous ces animaux contenus les uns dans les autres : que gagnera-t-on à croire qu’il les a tous formés en même temps ? Et que perdra la Physique, si l’on pense que les animaux ne sont formés que successivement ? Y a-t-il même pour Dieu quelque différence entre le temps que nous regardons comme le même, et celui qui se succede ?

CHAPITRE XIII

Raisons qui prouvent que le fœtus participe également du pere et de la mere.


Si l’on ne voit aucun avantage, aucune simplicité plus grande à croire que les animaux, avant la génération, étoient déjà tous formés les uns dans les autres, qu’à penser qu’ils se forment à chaque génération ; si le fond de la chose, la formation de l’animal demeure pour nous également inexplicable : des raisons très-fortes sont voir que chaque sexe y contribue également. L’enfant naît tantôt avec les traits du pere, tantôt avec ceux de la mere ; il naît avec leurs défauts et leurs habitudes, et paroît tenir d’eux jusqu’aux inclinations et aux qualités de l’esprit. Quoique ces ressemblances ne s’observent pas toujours, elles s’observent trop souvent pour qu’on puisse les attribuer à un effet du hasard : et sans doute elles ont lieu plus souvent qu’on ne peut le remarquer.

  1. L’homme de DESCARTES, et la formation du fœtus.