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dir un peu plus leur sentiment, et d’examiner, 1º. si ce qu’on voit dans la production apparente des plantes est applicable à la génération des animaux ; 2º. si le systême du développement rend la Physique plus claire qu’elle ne seroit en admettant des productions nouvelles.

Quant à la premiere question ; il est vrai qu’on apperçoit dans l’oignon de la tulipe les feuilles et la fleur déjà toutes formées, et que sa production apparente n’est qu’un véritable développement de ces parties : mais à quoi cela est-il applicable, si l’on veut comparer les animaux aux plantes ? Ce ne sera qu’à l’animal déjà formé. L’oignon ne sera que la tulipe même ; et comment pourroit-on prouver que toutes les tulipes qui doivent naître de celle-ci y sont contenues ? Cet exemple donc des plantes, sur lequel ces Physiciens comptent tant, ne prouve autre chose si ce n’est qu’il y a un état pour la plante où sa forme n’est pas encore sensible à nos yeux, mais où elle n’a besoin que du développement et de l’accroissement de ses parties pour paroître. Les animaux ont bien un état pareil : mais c’est avant cet état qu’il faudroit savoir ce qu’ils étoient. Enfin quelle certitude a-ton ici de l’analogie entre les plantes et les animaux ?

Quant à la seconde question, si le systême du développement rend la Physique plus lumineuse qu’elle ne seroit en admettant de nouvelles productions ; il est vrai qu’on ne comprend point comment, à chaque génération, un corps organisé, un animal se peut former : mais comprend-on mieux comment cette suite infinie d’animaux contenus les uns dans les autres auroit été formée tout à la fois ? Il me semble qu’on se fait ici une illusion, et qu’on croit résoudre la difficulté en l’éloignant. Mais la difficulté demeure la même, à moins qu’on n’en trouve une plus grande à concevoir comment tous ces corps organisés auroient été formés les uns dans les autres, et tous dans un seul, qu’à croire qu’ils ne sont formés que successivement.

Descartes a cru comme les Anciens que l’homme étoit formé du mélange des liqueurs que répandent les deux sexes. Ce grand Philosophe, dans son traité de l’homme, a cru pouvoir expli-