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que : il quitte bientôt sa peau de ver ; et celle qui lui succede est celle de feve, ou de chrysalide, sous laquelle tous ses membres sont comme emmaillottés, et dont il ne sort que pour paraître sous la forme de papillon.

Notre ver spermatique, après avoir tissu sa premiere enveloppe, qui répond à la coque de soie, s’y renfermerait, s’y dépouillerait, et seroit alors sous la forme de chrysalide, c’est-à-dire, sous une seconde enveloppe, qui ne seroit qu’une de ses peaux. Cette liqueur crystalline renfermée dans cette seconde enveloppe, dans laquelle paroît le point animé, seroit le corps même de l’animal ; mais transparent comme le crystal, et mou jusqu’à la fluidité, et dans lequel Harvey auroit méconnu l’organisation. La mer jette souvent sur ses bords des matieres glaireuses et transparentes, qui ne paroissent pas beaucoup plus organisées que la matiere dont nous parlons, et qui sont cependant de vrais animaux. La premiere enveloppe du fœtus, le chorion, seroit son ouvrage ; la seconde, l’amnios, seroit sa peau.

Mais est-on en droit de porter de pareilles atteintes à des observations aussi authentiques, et de les sacrifier ainsi à des analogies et à des systêmes ? Mais aussi, dans des choses qui sont si difficiles à observer, ne peut-on pas supposer que quelques circonstances soient échappées au meilleur Observateur ?


CHAPITRE XI

Variétés dans les animaux.


L’Analogie nous délivre de la peine d’imaginer des choses nouvelles ; et d’une peine encore plus grande, qui est de demeurer dans l’incertitude. Elle plaît à notre esprit : mais plaît-elle à la Nature ?

Il y a sans doute quelqu’analogie dans les moyens que les différentes especes d’animaux emploient pour se perpétuer : car, malgré la variété infinie qui est dans la Nature, les changemens n’y sont jamais subits. Mais, dans l’ignorance où nous sommes, nous courons toujours risque de prendre pour des especes voisines des espe-