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CHAPITRE VII

Expériences de Harvey


Tous ces systêmes si brillans, et même si vraisemblables, que nous venons d’exposer, paroissent détruits par des observations qui avoient été faites auparavant, et auxquelles il semble qu’on ne sauroit donner trop de poids : ce sont celles de ce grand homme à qui l’Anatomie devroit plus qu’à tous les autres, par sa seule découverte de la circulation du sang.

Charles I. Roi d’Angleterre, Prince curieux, amateur des Sciences, pour mettre son Anatomiste à portée de découvrir le mystere de la génération, lui abandonna toutes les biches et les daimes de ses parcs. HARVEY en fit un massacre savant : mais ses expériences nous ont-elles donné quelque lumiere sur la génération ? ou n’ont-elles pas plutôt répandu sur cette matiere des ténebres plus épaisses ?

HARVEY immolant tous les jours au progrès de la Physique quelque biche, dans le temps où elles reçoivent le mâle ; disséquant leurs matrices, et examinant tout avec les yeux les plus attentifs, n’y trouva rien qui ressemblât à ce que GRAAF prétend avoir observé, ni avec quoi les systêmes dont nous venons de parler paroissent pouvoir s’accorder.

Jamais il ne trouva dans la matrice de liqueur séminale du mâle ; jamais d’œuf dans les trompes ; jamais d’altération au prétendu ovaire, qu’il appelle, comme plusieurs autres Anatomistes, le testicule de la femelle.

Les premiers changemens qu’il apperçut dans les organes de la génération, furent à la matrice : il trouva cette partie enflée et plus molle qu’à l’ordinaire. Dans les quadrupedes elle paroît double ; quoiqu’elle n’ait qu’une seule cavité, son fond forme comme deux réduits, que les Anatomistes appellent ses cornes, dans lesquelles se trouvent les fœtus. Ce furent ces endroits principalement qui parurent les plus altérés. HARVEY observa plusieurs excroissances spongieuses, qu’il compare aux bouts des tetons des femmes. Il en coupa quelques-unes, qu’il trouva parsemées de petits points