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Quelques observations de M. Littre, et d’autres Anatomistes, qui ont trouvé quelquefois des fœtus dans les trompes, ne prouvent rien pour les œufs : le fœtus, de quelque maniere qu’il soit formé, doit se trouver dans la cavité de la matrice ; et les trompes ne sont qu’une partie de cette cavité.

M. Mery n’est pas le seul Anatomiste qui ait eu des doutes sur les œufs de la femme, et des autres animaux vivipares : plusieurs Physiciens les regardent comme une chimere. Ils ne veulent point reconnoître pour de véritables œufs ces vésicules dont est formée la masse que les autres prennent pour un ovaire : ces œufs qu’on a trouvés quelquefois dans les trompes, et même dans la matrice, ne sont, à ce qu’ils prétendent, que des especes d’hydatides.

Des expériences devroient avoir décidé cette question, si en Physique il y avoit jamais rien de décidé. Un Anatomiste qui a fait beaucoup d’observations sur les femelles des lapins, GRAAF qui les a disséquées après plusieurs intervalles de temps écoulés depuis qu’elles avoient reçu le mâle, prétend avoir trouvé au bout de vingt-quatre heures des changemens dans l’ovaire ; après un intervalle plus long, avoir trouvé les œufs plus altérés ; quelque temps après, des œufs dans la trompe ; dans les femelles dissequées un peu plus tard, des œufs dans la matrice. Enfin il prétend qu’il a toujours trouvé aux ovaires les vestiges d’autant d’œufs détachés qu’il en trouvoit dans les trompes ou dans la matrice.[1]

Mais un autre Anatomiste aussi exact, et tout au moins aussi fidele, quoique prévenu du systême des œufs, et même des œufs prolifiques, contenans déjà le fœtus avant la fécondation ; VERHEYEN a voulu faire les mêmes expériences, et ne leur a point trouvé le même succès. Il a vu des altérations ou des cicatrices à l’ovaire : mais il s’est trompé lorsqu’il a voulu juger par elles du nombre des fœtus qui étoient dans la matrice.

  1. Regnerus de Graaf, de mulierum organis.