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Le fond de la bourse est tapisse d’une membrane qui forme plusieurs rides qui lui permettent de s’étendre à mesure que le fœtus s’accroît, et qui est parsemée de petits trous, par lesquels vraisemblablement sort cette liqueur que la femelle répand dans l’accouplement.

Les Anciens croyoient que le fœtus étoit formé du mélange des liqueurs que chacun des sexes répand. La liqueur séminale du mâle, dardée jusques dans la matrice, s’y mêloit avec la liqueur séminale de la femelle : et après ce mélange, les Anciens ne trouvoient plus de difficulté à comprendre comment il en résultoit un animal. Tout étoit opéré par une faculté génératrice.

Aristote, comme on le peut croire, ne fut pas plus embarrassé que les autres sur la génération : il différa d’eux seulement en ce qu’il crut que le principe de la génération ne résidoit que dans la liqueur que le mâle répand, et que celle que répand la femelle ne servoit qu’à la nutrition et à l’accroîssement du fœtus. La derniere de ces liqueurs, pour s’expliquer en ses termes, fournissoit la matiere, et l’autre la forme.[1]


CHAPITRE III

Systême des œufs contenant le fœtus.


Pendant une longue suite de siecles ce systême satisfit les Philosophes ; car, malgré quelque diversité sur ce que les uns prétendoient qu’une seule des deux liqueurs étoit la véritable matiere prolifique, et que l’autre ne servoit que pour la nourriture du fœtus, tous s’arrêtoient à ces deux liqueurs, et attribuoient à leur mélange le grand ouvrage de la génération.

De nouvelles recherches dans l’Anatomie firent découvrir autour de la matrice deux corps blanchâtres formés de plusieurs vésicules rondes, remplies d’une liqueur semblable à du blanc d’œuf. L’analogie aussi-tôt s’en empara : on regarda ces corps comme faisant ici le même office que les ovaires dans les oiseaux ; et les vésicules qu’ils contenoient, comme de véritables œufs. Mais les ovaires

  1. Aristot. de generat. animal. lib.II. cap. IV.