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il redescendit le boulevard Malesherbes, qu’il se mit à suivre, à pas lents. En passant devant un pâtissier, il aperçut des marrons glacés dans une coupe de cristal, et il pensa : « Je vais en rapporter une livre pour Clotilde. » Il acheta un sac de ces fruits sucrés qu’elle aimait à la folie. À quatre heures, il était rentré pour attendre sa jeune maîtresse.

Elle vint un peu en retard parce que son mari était arrivé pour huit jours. Elle demanda : — Peux-tu venir dîner demain ? Il serait enchanté de te voir.

— Non, je dîne chez le Patron. Nous avons un tas de combinaisons politiques et financières qui nous occupent.

Elle avait enlevé son chapeau. Elle ôtait maintenant son corsage qui la serrait trop.

Il lui montra le sac sur la cheminée : — Je t’ai apporté des marrons glacés.

Elle battit des mains : — Quelle chance ! comme tu es mignon.

Elle les prit, en goûta un, et déclara : — Ils sont délicieux. Je sens que je n’en laisserai pas un seul.

Puis elle ajouta en regardant Georges avec une gaieté sensuelle : — Tu caresses donc tous mes vices ?

Elle mangeait lentement les marrons et jetait sans cesse un coup d’œil au fond du sac comme pour voir s’il en restait toujours.

Elle dit : — Tiens, assieds-toi dans le fauteuil, je vais m’accroupir entre tes jambes pour grignoter mes bonbons. Je serai très bien.

Il sourit, s’assit, et la prit entre ses cuisses ouvertes comme il tenait tout à l’heure Mme  Walter.

Elle levait la tête vers lui pour lui parler, et disait, la bouche pleine :

— Tu ne sais pas, mon chéri, j’ai rêvé de toi, j’ai