Page:Maupassant Bel-ami.djvu/307

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je ne sais pas. — Puis il baissa la voix : — Ou plutôt, c’est parce que je ne pense qu’à vous, depuis hier.

Elle balbutia, pâlie tout à coup : — Voyons, assez d’enfantillages,
et parlons d’autre chose.

Mais il était tombé à ses genoux si brusquement qu’elle eut peur. Elle voulut se lever ; il la tenait assise de force de ses deux bras enlacés à la taille et il répétait d’une voix passionnée : — Oui, c’est vrai que je vous aime, follement, depuis longtemps. Ne me répondez pas. Que voulez-vous, je suis fou ! Je vous aime… Oh ! si vous saviez, comme je vous aime ! Elle suffoquait, haletait, essayait de parler et ne pouvait prononcer un mot. Elle le repoussait de ses deux mains, l’ayant saisi aux cheveux pour empêcher l’approche de cette bouche qu’elle sentait venir vers la sienne. Et elle tournait la tête de droite à gauche et de gauche à droite, d’un mouvement rapide, en fermant les yeux pour ne plus le voir.