voix claire : — Garçon, deux grenadines ! — Forestier, surpris, prononça : — Tu ne te gênes pas, toi !
Elle répondit : — C’est ton ami qui me séduit. C’est vraiment un joli garçon. Je crois qu’il me ferait faire des folies !
Duroy, intimidé, ne trouvait rien à dire. Il retroussait sa moustache frisée en souriant d’une façon niaise. Le garçon apporta les sirops, que les femmes burent d’un seul trait ; puis elles se levèrent, et la brune, avec un petit salut amical de la tête et un léger coup d’éventail sur le bras, dit à Duroy : — Merci, mon chat. Tu n’as pas la parole facile.
Et elles partirent en balançant leur croupe.
Alors Forestier se mit à rire : — Dis donc, mon vieux, sais-tu que tu as vraiment du succès auprès des femmes ? Il faut soigner ça. Ça peut te mener loin. — Il se tut une seconde, puis reprit, avec ce ton rêveur des gens qui pensent tout haut : — C’est encore par elles qu’on arrive le plus vite.
Et comme Duroy souriait toujours sans répondre, il demanda : — Est-ce que tu restes encore ? Moi, je vais rentrer, j’en ai assez.
L’autre murmura : — Oui, je reste encore un peu. Il n’est pas tard.
Forestier se leva : — Eh bien ! adieu, alors. À demain. N’oublie pas ? 17, rue Fontaine, sept heures et demie.
— C’est entendu ; à demain. Merci.
Ils se serrèrent la main, et le journaliste s’éloigna.
Dès qu’il eut disparu, Duroy se sentit libre, et de nouveau il tâta joyeusement les deux pièces d’or dans sa poche ; puis, se levant, il se mit à parcourir la foule qu’il fouillait de l’œil.
Il les aperçut bientôt, les deux femmes, la blonde et