Page:Maupassant Bel-ami.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Demain matin, si tu veux.

Ils rentrèrent. Les vieux étaient couchés. Elle dormit mal, réveillée sans cesse par tous les bruits nouveaux pour elle de la campagne, les cris des chouettes, le grognement d’un porc enfermé dans une hutte contre le mur, et le chant d’un coq qui claironna dès minuit.

Elle fut levée et prête à partir aux premières lueurs de l’aurore.

Quand Georges annonça aux parents qu’il allait s’en retourner, ils demeurèrent saisis tous deux, puis ils comprirent d’où venait cette volonté.

Le père demanda simplement : — J’ te r’verrons-ti bientôt ?

— Mais oui. Dans le courant de l’été.

— Allons, tant mieux.

La vieille grogna :

— J’ te souhaite de n’ point regretter c’que t’as fait.

Il leur laissa deux cents francs en cadeau, pour calmer leur mécontentement ; et le fiacre, qu’un gamin était allé chercher, ayant paru vers dix heures, les nouveaux époux embrassèrent les vieux paysans et repartirent.

Comme ils descendaient la côte, Duroy se mit à rire :

— Voilà, dit-il, je t’avais prévenue. Je n’aurais pas dû te faire connaître Monsieur et Madame du Roy de Cantel, père et mère.

Elle se mit à rire aussi, et répliqua : — Je suis enchantée maintenant. Ce sont de braves gens que je commence à aimer beaucoup. Je leur enverrai des gâteries de Paris.

Puis elle murmura : « Du Roy de Cantel… Tu verras que personne ne s’étonnera de nos lettres de faire-part. Nous raconterons que nous avons passé huit jours dans la propriété de tes parents. »