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de femmes à succès, ou sur l’excellence de certains produits qui sont d’une grande ressource à quelques-uns de nos confrères. »

Le jeune homme demeurait interdit, plus qu’irrité, comprenant seulement qu’il y avait là-dedans quelque chose de fort désagréable pour lui.

Boisrenard reprit : — Qui vous a donné cet écho ?

Duroy cherchait, ne se rappelant plus. Puis, tout à coup, le souvenir lui revint :

— Ah ! oui, c’est Saint-Potin. — Puis il relut l’alinéa de La Plume, et il rougit brusquement, révolté par l’accusation de vénalité.

Il s’écria : — Comment, on prétend que je suis payé pour…

Boisrenard l’interrompit : — Dame, oui. C’est embêtant pour vous. Le patron est fort sur l’œil à ce sujet. Ça pourrait arriver si souvent dans les échos…

Saint-Potin, justement, entrait. Duroy courut à lui :

— Vous avez vu la note de la Plume ?

— Oui, et je viens de chez la dame Aubert. Elle existe parfaitement, mais elle n’a pas été arrêtée. Ce bruit n’a aucun fondement.

Alors Duroy s’élança chez le patron qu’il trouva un peu froid, avec un œil soupçonneux. Après avoir écouté le cas, M. Walter répondit : « Allez vous-même chez cette dame et démentez de façon qu’on n’écrive plus de pareilles choses sur vous. Je parle de ce qui suit. C’est fort ennuyeux pour le journal, pour moi et pour vous. Pas plus que la femme de César, un journaliste ne doit être soupçonné. »

Duroy monta en fiacre avec Saint-Potin pour guide, et il cria au cocher : — 18, rue de l’Écureuil, à Montmartre.

C’était dans une immense maison dont il fallut esca-