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— Quoi donc ?

— M. de Servigny m’a dit qu’il m’aimait.

La marquise, inquiète, attendait. Comme Yvette ne parlait plus, elle demanda :

— Comment t’a-t-il dit cela ? Explique-toi !

Alors la jeune fille, s’asseyant aux pieds de sa mère dans une pose câline qui lui était familière, et pressant ses mains, ajouta :

— Il m’a demandée en mariage.

Mme  Obardi fit un geste brusque de stupéfaction, et s’écria :

— Servigny ? mais tu es folle !

Yvette n’avait point détourné les yeux du visage de sa mère, épiant sa pensée et sa surprise. Elle demanda d’une voix grave :

— Pourquoi suis je folle ? Pourquoi M. de Servigny ne m’épouserait-il pas ?

La marquise, embarrassée, balbutia :

— Tu t’es trompée, ce n’est pas possible. Tu as mal entendu ou mal compris. M. de Servigny est trop riche pour toi… et trop… trop… parisien pour se marier.

Yvette s’était levée lentement. Elle ajouta :

— Mais s’il m’aime comme il le dit, maman ?

Sa mère reprit avec un peu d’impatience :

— Je te croyais assez grande et assez instruite