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— Vous n’en disiez pas autant hier soir !

— Vous ne m’avez rien proposé.

— C’te bêtise !

— Et puis d’abord, ce n’est pas à moi qu’il faut vous adresser.

— Elle est bien bonne ! À qui donc ?

— Mais à maman, bien entendu.

Il poussa un éclat de rire.

— À votre mère ? non, c’est trop fort !

Elle était devenue soudain très sérieuse, et, le regardant au fond des yeux :

— Écoutez, Muscade, si vous m’aimez vraiment assez pour m’épouser, parlez à maman d’abord, moi je vous répondrai après.

Il crut qu’elle se moquait encore de lui, et, rageant tout à fait :

— Mam’zelle, vous me prenez pour un autre.

Elle le regardait toujours, de son œil doux et clair.

Elle hésita, puis elle dit :

— Je ne vous comprends toujours pas !

Alors, il prononça vivement, avec quelque chose de brusque et de mauvais dans la voix :

— Voyons, Yvette, finissons cette comédie ridicule qui dure depuis trop longtemps. Vous jouez à la petite fille niaise, et ce rôle ne vous va