Page:Maupassant - Yvette.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il fut piqué, irrité de cette raillerie, saisi par une colère méchante d’amoureux bafoué ; alors, cédant brusquement à un obscur besoin de représailles, à un désir de se venger, de la blesser :

— Ça vous irait, cette vie-là ?

Elle demanda avec son grand air naïf :

— Quoi donc ?

— Allons, ne vous fichez pas de moi. Vous savez bien ce que je veux dire !

— Non, parole d’honneur.

— Voyons, finissons cette comédie. Voulez-vous ou ne voulez-vous pas ?

— Je ne vous comprends point.

— Vous n’êtes pas si bête que ça. D’ailleurs, je vous l’ai dit hier soir.

— Quoi donc ? j’ai oublié.

— Que je vous aime.

— Vous ?

— Moi.

— Quelle blague !

— Je vous jure.

— Et bien, prouvez-le.

— Je ne demande que ça !

— Quoi, ça ?

— À le prouver.

— Eh bien, faites.