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il la tutoyait dans sa pensée, comme on tutoie, la première fois qu’on les voit, les femmes qui sont à tous. Il ne la distinguait plus guère des créatures à cheveux roux qui les frôlaient et qui criaient, de leurs voix enrouées, des mots obscènes. Ils couraient dans cette foule, ces mots grossiers, courts et sonores, semblaient voltiger au-dessus, nés là-dedans comme des mouches sur un fumier. Ils ne semblaient ni choquer, ni surprendre personne. Yvette ne paraissait point les remarquer.

— Muscade, je veux me baigner, dit-elle, nous allons faire une pleine eau.

Il répondit :

— À vot’service. — Et ils allèrent au bureau des bains pour se procurer des costumes. Elle fut déshabillée la première et elle l’attendit, debout, sur la rive, souriante sous tous les regards. Puis, ils s’en allèrent côte à côte, dans l’eau tiède.

Elle nageait avec bonheur, avec ivresse, toute caressée par l’onde, frémissant d’un plaisir sensuel, soulevée à chaque brasse comme si elle allait s’élancer hors du fleuve. Il la suivait avec peine, essoufflé, mécontent de se sentir médiocre. Mais elle ralentit son allure, puis, se tournant brusquement, elle fit la planche, les bras