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dure : cette figure de bois des campagnardes.

M. d’Apreval la rappela :

— Dites, madame, nous sommes entrés pour vous demander de nous vendre deux verres de lait.

Elle grommela, en reparaissant sur sa porte, après avoir posé ses seaux.

— Je n’vends point de lait.

— C’est que nous avons bien soif. Madame est vieille et très fatiguée. N’y a-t-il pas moyen d’avoir quelque chose à boire ?

La paysanne les considérait d’un œil inquiet et sournois.

Enfin, elle se décida.

— Pisque vous êtes là, je vas tout de même vous en donner, dit-elle.

Et elle disparut dans son logis.

Puis l’enfant sortit, portant deux chaises qu’elle posa sous un pommier et la mère s’en vint à son tour avec deux bols de lait mousseux qu’elle mit aux mains des visiteurs.

Puis elle demeura debout devant eux comme pour les surveiller et deviner leurs desseins.

— Vous êtes de Fécamp ? dit-elle.

M. d’Apreval répondit :

— Oui, nous sommes à Fécamp pour l’été. Puis, après un silence, il reprit :