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dans le vide. Alors, Servigny saisissant ces jambes affolées qui cherchaient un point d’appui, tira dessus de toute sa force ; les mains lâchèrent et le prince tomba comme un bloc sur le ventre de M. de Belvigne qui s’avançait pour le soutenir.

— À qui le tour ? demanda Servigny.

Mais personne ne se présenta.

— Voyons, Belvigne, de l’audace.

— Merci, mon cher, je tiens à mes os.

— Voyons, chevalier, vous devez avoir l’habitude des escalades.

— Je vous cède la place, mon cher duc.

— Heu !… heu !… c’est que je n’y tiens plus tant que ça.

Et Servigny, l’œil en éveil, tournait autour du pilier.

Puis, d’un saut, s’accrochant au balcon, il s’enleva par les poignets, fit un rétablissement comme un gymnaste et franchit la balustrade.

Tous les spectateurs, le nez en l’air, applaudissaient. Mais il reparut aussitôt en criant :

— Venez vite ! Venez vite ! Yvette est sans connaissance !

La marquise poussa un grand cri et s’élança dans l’escalier.