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dans la maison. La femme de chambre vint avec le chocolat. Yvette fit poser le plateau sur la table et prononça :

— Vous direz à ma mère que je suis souffrante, que je vais rester au lit jusqu’au départ de ces messieurs, que je n’ai pas pu dormir de la nuit, et que je prie qu’on ne me dérange pas, parce que je veux essayer de me reposer.

La domestique, surprise, regardait la robe trempée et tombée comme une loque sur le tapis.

— Mademoiselle est donc sortie ? dit-elle.

— Oui, j’ai été me promener sous la pluie pour me rafraîchir.

Et la bonne ramassa les jupes, les bas, les bottines sales ; puis elle s’en alla portant sur un bras, avec des précautions dégoûtées, ces vêtements trempés comme des hardes de noyé.

Et Yvette attendit, sachant bien que sa mère allait venir.

La marquise entra, ayant sauté du lit aux premiers mots de la femme de chambre, car un doute lui était resté depuis ce cri : « Maman », entendu dans l’ombre.

— Qu’est-ce que tu as ? dit-elle.

Yvette la regarda, bégaya :

— J’ai… j’ai…